Écrire avec "OUF!" ...

Je me demandais quelle allait être l'entrée choisie par les enseignants pour faire écrire leurs élèves à partir de notre album " ouf !".
Je ne suis pas déçue, je dois dire... À l'école maternelle de Eaunes, les enfants ont utilisé ce fameux OUF pour exprimer tout à la fois ce qui les inquiète et ce qui les rassure. Un combat de la nuit contre le jour, du manque contre le plaisir, des monstres contre la douceur. Leurs phrases, bien que calibrées par le schéma qui m'a servi de patron, ces phrases donc leur ont permis de SE dire d'une façon inattendue. Et quand je leur en fait compliment, un petit bonhomme à la mine grave derrière ses lunettes bleues me déclare tout de go : "  C'est bien ça. Et d'ailleurs, j'en ai parlé avec ma psy".
Echange de regards avec la maîtresse....

Quelques exemples :

J'ai peur des araignées, mais OUF! Elles ne vont pas me manger!
C'est Noël, les cadeaux ne sont pas sous le sapin, mais OUF! Ils sont devant la cheminée.
Je pleure, mais, OUF! J'ai mon doudou.
Il fait noir, mais OUF! Les dragons ne peuvent pas rentrer.



Peintures sur bois inspirées des illustrations de Tom Schamp...ici, l'été...

Histoire de gentillesse en trois actes :

Acte 1 : Un matin, je lis une interview de Patrick Pelloux, médecin urgentiste bien connu, militant et surtout, pour ce qui nous concerne ici, membre de l'équipe de Charlie Hebdo. " J'ai besoin de gentillesse", disait-il au journaliste qui demande de ses nouvelles.
Ce jour-là, je dois me rendre à une rencontre avec lui, justement, et Chloé Verlhac, la veuve courage du génial Tignous, à la librairie de la Renaissance, à Toulouse.
Les mots de cet homme me touchent. Je comprends ce qu'il veut dire. Il m'arrive aussi, de ressentir au plus profond de moi, ce besoin de gentillesse. Ces jours-là, un coup de klaxon un peu agressif est capable de me faire fondre en larme.
Me voilà donc en train d'arpenter mon salon, me demandant quel geste de gentillesse je pourrai faire à l'égard de cet homme. Je décide de lui offrir un de mes albums et je choisis " La poupée de Ting-Ting".

Acte 2 : Je me rends à la libraire de la Renaissance et, avant qu'il y ait trop de monde, je m'avance pour me faire dédicacer le livre que je viens d'acheter " Toujours là, toujours prêt", paru au cherche midi.... et je lui offre mon album. Je lui dis que c'est mon geste de gentillesse, comme un doudou, comme un câlin. Et j'ajoute qu'il y aura peut-être, dans son entourage, un enfant à qui il sera content de l'offrir. Il semble ému. Il me remercie. Rideau.

Acte 3: Près de deux mois plus tard, je me trouve au festival du livre de Saint-Orens. Un monsieur vient vers moi et me dit " Chez, nous, on adore votre album, là. " Il me montre Ting-Ting. Je le remercie. Ça fait toujours très plaisir des retours comme ça, bien sûr. Et le Monsieur continue: " C'est le parrain de ma fille qui le lui a offert la dernière fois qu'il est venu à la maison. Au fait, vous le connaissez peut-être, c'est Patrick Pelloux, l'urgentiste."

Voilà, j'ai embrassé ce Monsieur et bien sûr, je lui ai raconté l'histoire. une histoire de gentillesse en chaîne... comme on voudrait tant !

Sur la page de garde de son livre, Patrick a écrit pour moi :


Oui, on est tous des enfants...