Ceci n'est pas un livre de princesse...

Les rois, les reines, les princes et les princesses sont rudement intéressants dans les contes parce qu'ils peuvent tout. Et, comme vous le savez,  la toute puissance est un des enjeux majeur du grandir.... avec l'acceptation de la frustration, bien sûr. Tout est lié d'ailleurs.
Enfin, je parle de moi, là, de mon travail d'auteure. Je ne dis pas qu'il s'agit d'une vérité révélée.
Du coup, vous comprenez que ce n'est pas les dorures des palais, les robes de dentelles, les macarons et les perruques poudrées qui m'intéressent mais ce que l'humain fait du pouvoir qui lui est donné. C'est  ce sujet que j'ai traité dans le recueil " Contes d'un roi as si sage".
Dans mon dernier album, " La princesse au mille et une perles", il est question de l'accession au pouvoir d'une jeune princesse orpheline. J'ai imaginé un pays où le futur souverain doit faire preuve de sa sagesse avant de monter sur le trône (pure fiction, je vous dis). Et voilà donc notre princesse partant à la découverte de son empire, rencontrant les gens du peuple et réalisant la place essentielle de la moindre des créatures, insectes, poissons, oiseaux. Elle les aime, les protège et sa bienveillance ne sera pas perdue.
C'est donc une princesse comme je les aime, pas nunuche pour un sou, dégourdie, honnête et franche. Un horizon humain plutôt sympathique. Mais pour que l'histoire ne soit pas trop dégoulinante de bons sentiments, il y fallait aussi un méchant bien méchant, une trahison redoutable et un peu de suspens.

Et pour découvrir un peu les belles images de Bertrand Dubois, voici un petit film bricolé maison...


La voix haute

Bien sûr, dans mes classes, quel que soit l'âge de mes élèves, j'ai beaucoup lu à voix haute. J'ai toujours pensé que c'était là une façon précieuse de renouer les fils qui, parfois, s'emberlificotent entre un enfant et les livres. La voix humaine me semble être un ruisseau qui coule directement d'une âme à l'autre, d'un être à l'autre, de moi à toi et crée un nous dense et profond, uni dans une même émotion des mots.
Lors de mes rencontres avec mes jeunes lecteurs, je termine toujours par une lecture. Il m'arrive de leur offrir un texte en chantier, tout droit sorti de mon ordinateur. Les enfants adorent savoir qu'ils sont les premiers à entendre une histoire. C'est bien normal.
Alors, quand Régis Lejonc m'a proposé l'idée d'une lecture dessinée et musicale de notre " Poupée de Ting-Ting", j'ai été ravie. Juste après, j'ai été prise de doute et d'inquiétude car je savais que j'allais vivre une expérience encore inédite pour moi.
Voilà, nous l'avons fait ! C'était dans le cadre de la Halte Nomade, à Aspet, le village où je suis née. Il a fallu trouver un rythme, un certain registre d'intensité, aussi bien sonore qu'émotionnelle. Il a fallu affiner les glissements d'une partie à l'autre, donner sa place à chaque composante de la chose, image, musique et texte. J'étais en confiance, entre deux garçons délicieux. Aucun ego. Uniquement le plaisir de partager avec les gamins des villages alentour cette expérience qui nous rendait heureux.
Comme ils étaient beaux à voir, les yeux écarquillés, épatés de découvrir le visage de Ting-Ting auquel Régis donnait vie de quelques traits de feutres! Et cet étrange instrument dont Loucas  pinçait les cordes et ouvrait ainsi des espaces sonores à explorer... Tout a concouru pour que ça marche, pour faire de ce moment une expérience culturelle, qui, nous l'espérons, donnera à ces enfants le goût du spectacle vivant et de la lecture.
Pour moi, ce fut aussi l'occasion d'éprouver une nouvelle fois à quel point lire son propre texte à voix haute relève du don de soi mais aussi de l'introspection au plus intime. Chaque intention, chaque inflexion, chaque attente, chaque élan du texte se révèle dans ces multiples vibrations de l'air.
C'était tout à la fois fort, doux et tendre. J'ai adoré faire ça.
Un petit bonhomme de Labarthe-Inard a résumé la chose. Après le spectacle, il a levé la main et a déclaré tout de go: " Vous avez fait un beau travail d'équipe".
Voilà...