Dans la mare...

L'équipe de " La mare aux mots", blog qui fait référence en littérature de jeunesse, a la gentillesse de s’intéresser à mon travail. J'ai donc répondu à quelques questions autour de mon dernier album. J'ai bien aimé me prêter à cet exercice car il m'a permis, en quelque sorte, de faire le point avec moi-même, avec mes textes et leurs enjeux... Allez donc y faire un tour... C'est par ici ...

Merci à eux, et en particulier au pilote de ce beau navire, Gabriel Lucas.

Un petit concours...

Vous qui passez par ici, est-ce que cela vous plairait de gagner un exemplaire de mon album " La princesse aux mille et une perles" ?
Voici ce que je vous propose: décrivez en quelques lignes, en commentaire, la cause environnementale qui vous tient le plus à coeur...
Mercredi 22 novembre, je procéderai au tirage au sort  pour désigner le gagnant ou la gagnante parmi ceux et celles qui auront participé !

bientôt donc ! 




image de Bertrand Dubois

Riche et célèbre ?

La charte des auteurs et illustrateurs jeunesse (dont je suis membre), vient de mettre en ligne le premier épisode d'une Web Série présentant les conditions de vie et de travail des auteurs et autrices d'albums et de livres pour la jeunesse. C'est hyper bien fait, drôle et très très grinçant...
C'est par ici ( on clique sur l'image, allez, allez !)



Vous avez vu ? Ça remet bien les choses à leur place, pas vrai ?

Ceci n'est pas un livre de princesse...

Les rois, les reines, les princes et les princesses sont rudement intéressants dans les contes parce qu'ils peuvent tout. Et, comme vous le savez,  la toute puissance est un des enjeux majeur du grandir.... avec l'acceptation de la frustration, bien sûr. Tout est lié d'ailleurs.
Enfin, je parle de moi, là, de mon travail d'auteure. Je ne dis pas qu'il s'agit d'une vérité révélée.
Du coup, vous comprenez que ce n'est pas les dorures des palais, les robes de dentelles, les macarons et les perruques poudrées qui m'intéressent mais ce que l'humain fait du pouvoir qui lui est donné. C'est  ce sujet que j'ai traité dans le recueil " Contes d'un roi as si sage".
Dans mon dernier album, " La princesse au mille et une perles", il est question de l'accession au pouvoir d'une jeune princesse orpheline. J'ai imaginé un pays où le futur souverain doit faire preuve de sa sagesse avant de monter sur le trône (pure fiction, je vous dis). Et voilà donc notre princesse partant à la découverte de son empire, rencontrant les gens du peuple et réalisant la place essentielle de la moindre des créatures, insectes, poissons, oiseaux. Elle les aime, les protège et sa bienveillance ne sera pas perdue.
C'est donc une princesse comme je les aime, pas nunuche pour un sou, dégourdie, honnête et franche. Un horizon humain plutôt sympathique. Mais pour que l'histoire ne soit pas trop dégoulinante de bons sentiments, il y fallait aussi un méchant bien méchant, une trahison redoutable et un peu de suspens.

Et pour découvrir un peu les belles images de Bertrand Dubois, voici un petit film bricolé maison...


La voix haute

Bien sûr, dans mes classes, quel que soit l'âge de mes élèves, j'ai beaucoup lu à voix haute. J'ai toujours pensé que c'était là une façon précieuse de renouer les fils qui, parfois, s'emberlificotent entre un enfant et les livres. La voix humaine me semble être un ruisseau qui coule directement d'une âme à l'autre, d'un être à l'autre, de moi à toi et crée un nous dense et profond, uni dans une même émotion des mots.
Lors de mes rencontres avec mes jeunes lecteurs, je termine toujours par une lecture. Il m'arrive de leur offrir un texte en chantier, tout droit sorti de mon ordinateur. Les enfants adorent savoir qu'ils sont les premiers à entendre une histoire. C'est bien normal.
Alors, quand Régis Lejonc m'a proposé l'idée d'une lecture dessinée et musicale de notre " Poupée de Ting-Ting", j'ai été ravie. Juste après, j'ai été prise de doute et d'inquiétude car je savais que j'allais vivre une expérience encore inédite pour moi.
Voilà, nous l'avons fait ! C'était dans le cadre de la Halte Nomade, à Aspet, le village où je suis née. Il a fallu trouver un rythme, un certain registre d'intensité, aussi bien sonore qu'émotionnelle. Il a fallu affiner les glissements d'une partie à l'autre, donner sa place à chaque composante de la chose, image, musique et texte. J'étais en confiance, entre deux garçons délicieux. Aucun ego. Uniquement le plaisir de partager avec les gamins des villages alentour cette expérience qui nous rendait heureux.
Comme ils étaient beaux à voir, les yeux écarquillés, épatés de découvrir le visage de Ting-Ting auquel Régis donnait vie de quelques traits de feutres! Et cet étrange instrument dont Loucas  pinçait les cordes et ouvrait ainsi des espaces sonores à explorer... Tout a concouru pour que ça marche, pour faire de ce moment une expérience culturelle, qui, nous l'espérons, donnera à ces enfants le goût du spectacle vivant et de la lecture.
Pour moi, ce fut aussi l'occasion d'éprouver une nouvelle fois à quel point lire son propre texte à voix haute relève du don de soi mais aussi de l'introspection au plus intime. Chaque intention, chaque inflexion, chaque attente, chaque élan du texte se révèle dans ces multiples vibrations de l'air.
C'était tout à la fois fort, doux et tendre. J'ai adoré faire ça.
Un petit bonhomme de Labarthe-Inard a résumé la chose. Après le spectacle, il a levé la main et a déclaré tout de go: " Vous avez fait un beau travail d'équipe".
Voilà...








Villa des roses


Si vous souhaitez recevoir mon recueil de nouvelles " Villa des roses", voici la marche à suivre :





Dix nouvelles !!

On me demande souvent si j’écris aussi pour les adultes.
Pendant longtemps, je répondais que non, que cela m’intimidait énormément, que je ne saurais pas quoi raconter, que les préoccupations des grandes personnes, d’une façon générale, m’ennuyaient. Quand on se raconte des histoires, on le sent quelque part au fond de soi, vous avez remarqué ? Depuis quelques années, cette question me mettait de plus en plus mal à l’aise. Chaque fois que quelqu’un me la posait, je me disais que je devais être plus sincère avec moi-même, qu’il fallait que je reconnaisse cette envie qui était en train d’apparaitre, comme une nouvelle porte dans une cour fermée, qui s’ouvriraient sur un paysage à explorer. Mais j’avais peu de temps pour écrire. Mon travail m’accaparait et je consacrais mes vacances à faire avancer mes projets  jeunesse.
Puis j’ai arrêté de travailler et le temps m’a envahie. Ce prétexte que je me donnais pour ne pas faire face a disparu du jour au lendemain. Alors je m’y suis mise. Cependant, l’écriture longue, la construction d’un roman me paraissait encore hors de portée. Quand on commence à nager, on ne se lance pas tout de suite dans la traversée de la Manche ! Alors, sans vraiment l’avoir choisi, j’ai retrouvé le format que j’aime et dans lequel je me sens parfaitement bien : le récit d’une petite dizaine de feuillets, façon conte.
En écrivant, j’ai réalisé qu’une petite foule de personnages m’attendait. Il y avait ce jeune-homme amoureux de son amie d’enfance, cette dame, Madame Escoffier, élégante sous-directrice aux prises avec une méchante et stupide rumeur, cet homme revenu dans la maison où son père l’enfermait dans un placard, cette Elvire passionnée de jardinage, ces jeunes musiciens sur le point de signer leur premier contrat, Jeanne, cette petite fille qui me ressemble tant...
Leur vie, leur histoire, existait en moi depuis très longtemps. Il y a de mon enfance, des souvenirs familiaux, des récits que me firent mes oncles ou tantes sur leur jeunesse, s’y mêlent certains de mes questionnements sur l’humain, ce désir d’être aimé, cette envie d’être forte face aux choses, cette fascination pour ce que certains appellent le destin ou le hasard, pour le temps qui passe et nous fait ce que nous sommes, pour ce sentiment de culpabilité, cette obsession du désir de bien faire...

Il y avait donc désormais dix nouvelles.
Mais qu’en faire ? Elles furent refusées par un éditeur jeunesse. C’est bien normal. Elles dormaient donc dans mon ordinateur jusqu’à ce qu’un autre éditeur, le plus cher à mon cœur celui-là, puisqu’il s’agit de Robert, mon amour, ne me propose un jour de les éditer. Car mon homme a créé, il y a plus de vingt ans, une petite maison d’édition qui publie essentiellement de la poésie, les éditions du Contentieux. 
Et voilà. Comme un cercle qui se referme, ou plutôt comme une spirale qui s’élève, mon projet est devenu le nôtre et mon recueil va voir le jour en septembre.

Il va sans dire que nous n’allons pas bénéficier des compétences logistiques d’un distributeur national ! Mais qu’importe. Je suis heureuse de savoir que ceux et celles qui apprécient mon écriture vont en découvrir un nouvel aspect. Il faudra passer commande... mais je vous expliquerai bientôt comment faire ! 

Un atelier d'écriture ? Oui, mais après ?

A propos de deux ateliers d'écriture menés en CP à partir de mon album OUF !

Quand j'anime un atelier d'écriture de deux heures dans une classe, je ne peux évidemment pas accompagner le projet jusqu'au bout. Cela prend déjà beaucoup de temps pour repérer la structure du texte de base, se mettre d'accord sur le contenu et réaliser la première mise en mots. Je parle ici d'un projet qui concerne l'ensemble de la classe, avec travail individuel ou en petits groupes. ( J'ai bien conscience que lorsque j'écris cela, mon passé de prof d'école remonte à la surface. Que voulez-vous ! Instit un jour, instit toujours.)
Après cette première séance, il reste encore beaucoup de "toilettage" à faire pour rendre le texte parfaitement compréhensible. Vous imaginez l'orthographe d'un élève de CP ! Il faudra ensuite faire les illustrations. Mais dès ce moment, je ne peux plus rien. Je ne suis plus là. Tout va dépendre désormais des enseignant(e)s.
Parfois, je dois dire, je ne sens pas chez lui ( ou chez elle) la motivation qu'il y faudrait. Trop d'inquiétude et de découragement sans doute. Alors, je propose d'échanger des mails, de revenir pour écouter les textes lus par les élèves, bref, j'essaye de faire sentir, mine de rien, que le projet d'écriture doit aboutir si on ne veut pas que ce soit un coup d'épée dans l'eau.
Il est essentiel, à mes yeux, que les élèves voient quelqu'un qui n'a pas participé au projet, qui n'en connait rien, tourner les pages et s'émerveiller de leurs images et de leurs mots.

Pour cela, il faut que ce soit un objet bien fini, avec une mise en page ( même maladroite) et des illustrations dans lesquelles on sente bien la "patte" des enfants.




Alors vous imaginez ma joie quand je reçois deux albums numériques, avec des illustrations réalisées façon land-art ! Après avoir écrit pour apprendre et grandir, les enfants ont participé à une oeuvre collective. Lorsqu'ils en parlent, ils disent " NOUS" et cela, ça n'a pas de prix !
Bravo donc à eux et à leurs maîtresses et bravo aussi aux décideurs locaux, qui, contre vents et marées, continuent à consacrer un peu d'argent public à ce type d'opération.
Allez! Tout n'est pas perdu ! OUF !





Secret ou mystère ?

Cela fait plusieurs mois que je n'ai rien écrit ici. Cela arrive.
La semaine dernière, j'étais à Châtillon Saint-Jean. Un salon, qui, soit dit en passant, vaut son pesant de sourires.
En répondant aux questions de Lisa Bienvenu, au cours de ce qu'elle a joliment appelé " une grande conversation", j'ai réfléchi plus avant à un élément qui traverse quelques uns de mes textes: le secret.
Souvent, on confond secret et mystère. Vous avez remarqué?
Quand on est enfant, le monde est plein de mystères. Comment on fait les bébés? Pourquoi Parrain a-t-il un amoureux et pas une amoureuse? C'est normal. On est petit. On ne sait pas tout. On a envie de grandir pour essayer de lever les voiles sur ce que la vie ne nous a pas encore permis de comprendre. Tout se corse si, de ces mystères-là, on fait des secrets. Si on convoque l'inavouable, le non-dit, le silence, alors oui, tout se déglingue et tout commence à aller mal. Que des zones du réel nous soient inaccessibles, que certaines questions demeurent sans réponses, que l'on fasse de la curiosité un défaut ou même un péché...et grandir devient un risque que l'on n'aura peut-être plus envie de prendre..
Dans " La poupée de Ting-Ting" et " Bagdan et la louve aux yeux d'or", c'est de cela que je parle. De ce moment, où, sans doute pour protéger l'enfant, on lui cache la vérité. De ce moment où l'enfant n'ose plus dire... Et il reste là, seul, face à sa culpabilité, à ses angoisses, à ses doutes. Ai-je trahi mon père en égarant son dernier cadeau? Ai-je trahi mon clan en protégeant des loups ?  Et ces regards inquiets? Ces questions sans réponses?
C'est un ressort dramatique et narratif très puissant. Sans doute parce que nous avons tous traversé dans nos vies un de ces moments où le silence fut une souffrance et la parole un soulagement. sans doute aussi parce que la parole nous définit, nous situe dans le monde.
Imaginer un personnage, c'est un pari sur l'humain qui est en lui. Le lecteur le suivra-t-il ? l'accompagnera-t-il ? Se reconnaîtra-t-il en lui ? Souhaitera-t-il pour lui une fin heureuse?
Bagdan et Ting-Ting sont deux enfants qui font face à la peur et à la tristesse. Mais ils provoquent l'échange. Ils ne se satisfont pas du rien. Ils font le choix d'avancer, d'affronter. On les y aide, certes. Ils ne sont pas seuls mais les ressources sont en eux.
C'est pour cela que je les aime, bien sûr. C'est pour cela que je suis toujours tellement émue quand des enfants m'en parlent. Quand ils repèrent les indices que j'ai semé sur leur chemin de lecteur, quand ils anticipent et déploient le texte à la mesure de leur vie à eux.

C'est pour cela que je continue...