Il y a questions ... et questions...

J'en ai déjà parlé ici. Lorsque je rencontre des classes, je réponds très volontiers aux questions préparées par les enfants. On me demande comment je colle les images sur les pages, comment je fais les couvertures, si je gagne beaucoup d'argent et mille autres questions parfois saugrenues, naïves, indiscrètes et même parfois, inquiétantes car elles révèlent une insondable absence de travail préalable à ma venue.
Mais parfois, rarement, il faut bien le reconnaître, j'entre dans une classe et je sens une attente autre. Comme un espoir d'en savoir plus. Non sur moi mais sur mes histoires et surtout sur mes personnages. Dans ces classes-là, on se moque que j'écrive à la main ou sur un ordinateur. Dans ces classes-là, on a travaillé un album comme on travaille un champ. On a retourné chaque motte, tracé des sillons et on a bien compris que les textes lus sont des lieux d’enracinement pour une culture en construction. Alors évidemment, tout est intéressant. Tout. Parce que dans ces classes-là, on sait que chaque élément d'un texte a une fonction. Prenons par exemple cette question, au sujet de " La poupée de Ting-Ting"  :

À quoi servent les détails comme le chapeau, les petits bols en argile ?

Personne n'a eu l'idée de s’intéresser à cet aspect du texte. Et pourtant, ces jeux de petites paysannes en disent beaucoup sur l'univers dans lequel cette fillette évolue. Ils révèlent sa solitude, bien sûr mais aussi la pauvreté et le dénuement dans lequel elle vit. Ils montrent aussi une enfant autonome, débrouillarde et sensible, digne héritière des gestes habiles de son père disparu. On comprend alors à quel point la vente des poupées, pierre d'achoppement du récit, est vitale pour la famille.

J'ai toujours pensé que les gestes, les attitudes que je prête à mes personnages permettent de comprendre leurs émotions bien plus que les mots des émotions eux-mêmes. Dire "Il est en colère", n'éclaire quasiment pas le ressenti du personnage. C'est pour cette raison que les questions qui restent trop en surface, ne permettent pas aux enfants de devenir de vrais lecteurs. Elles sous-entendent que le texte dit tout. Mais c'est un leurre. Non, le texte suggère, ouvre des pistes, des chantiers mêmes parfois. C'est au lecteur de le déplier, à la façon d'un pop-up. C'est l'activité mentale intelligente et perspicace qui déploie le décor, l'histoire, les personnages. Remarquer que cette petite fille s'amuse à se fabriquer une dînette avec la boue de la rizière, c'est mieux la connaître, c'est entrer dans sa vie, dans sa tête, dans son coeur. C'est LIRE.


" Pour qu'une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps", disait Flaubert.

Je suis heureuse que mes albums puissent être le terrain de cette merveilleuse expérience.

J'ajoute que, bien entendu, rien de tout cela ne serait possible sans la compétence et l'exigence de ces enseignants formidables qui,  pétris de la volonté de hisser leurs élèves vers la connaissance, savent les guider en mettant en place des débats, des échanges autour des textes lus. Bravo à eux. Ils tissent notre avenir.

Et pour le plaisir, voici quelques autres questions posées ce jour-là, dans la classe de Cathy V, toujours au sujet de "La poupée de Ting-Ting".



Est-ce qu’en jouant, elle a oublié plus que sa poupée ? A-t-elle aussi oublié son chagrin ?

Est-ce que sa peur de parler à sa maman, c’est que se serait rendre la mort de son père réelle ?

Pensez-vous qu’exprimer son chagrin, même à un arbre, c’est important ?

Le plus important, c’est d’avoir retrouvé sa poupée ou d’avoir exprimé son chagrin ?

Pourquoi a-t-elle honte d’avoir perdu sa poupée ?

Quel est le rôle du buffle dans l’histoire ?


Est-ce que le héron représente la nouvelle vie de son père ? Est-ce que c’est sa réincarnation ? 
  

Das ist für mich eine große Freude !!

C'est pour moi une grande joie.
Jusqu'à présent, mes albums ont été traduits en Néerlandais, en Italien, en Espagnol et en Grec. C'est merveilleux mais légèrement frustrant puisque je ne parle aucune de ces quatre langues, à part une lichette d'Espagnol grâce aux chansons de Paco Ibanez que je chantais il y a fort longtemps.
Je me débrouille bien en anglais, de mieux en mieux d'ailleurs grâce au numérique qui permet de choisir la VO quand je regarde des films ou des séries.
Mais la langue que j'ai apprise, que j'ai pratiquée, que j'ai aimée c'est l'allemand. Quand j'étais adolescente, l'office franco-allemand pour la jeunesse organisait, pour mon lycée, des échanges avec une petite ville du Baden Wurtenberg, Tuttlingen. J'y suis allée souvent et j'ai fini par prendre l'accent souabe quand je parlais allemand.
- Allez dans le Nord, Ghislaine, me disait mon prof.

J'espérais qu'un jour, j'aurais la chance qu'un de mes albums soit traduit dans cette langue que je comprends même si, faute de la pratiquer, les réflexes sont moins rapides, désormais. Voilà, c'est chose faite. Je le dois à Tom Schamp qui a rencontré une éditrice passionnée de la maison BOHEM VERLAG. La traduction est fluide, les rimes et le rythme sont respectés, et en plus, un magnifique travail a été réalisé sur la couverture.


Das ist für mich eine große Freude !!

Si vous lisez l'allemand, allez cliquer par ici. J'ai rarement lu une présentation aussi juste de mon travail. Je suis heureuse que cet album contribue à la reconnaissance du magnifique talent de mon ami Tom. 

Bon, tout cela est déjà incroyable et heureux.
Mais ce n'est pas tout. Ils aiment vraiment notre album. Vraiment ! Au point de lui consacrer la déco de leur stand à la foire internationale de Francfort.


Et c'est mon image préférée qui a été choisie ! J'adore ces lampions joyeux qui clôturent le livre !

Et enfin, pour terminer, un article du Münchner Merkur où notre album est qualifié de Schatz... c'est à dire de trésor... rien moins...


Bon j'arrête là ma petite virée outre-Rhin... et je retourne à ma modestie coutumière. ( je blaaaague ! )

Et de deux !!

J'avoue. Nous avons récidivé. Mais c'était tellement agréable la première fois que nous n'avons pas pu nous en empêcher.
Je vous raconte. Au printemps dernier, j'étais dans une petite école au pied du Vercors. Les enfants me posent la question fréquente (et angoissante parfois) :
- Quel est le titre de votre prochain livre?
Moi, plutôt contente, j'annonce : " J'veux pas y aller!" et j'ajoute sentencieuse (oui, quand on a été enseignante, c'est un vieux réflexe) : A votre avis, il parle de quoi ? 
Et là, une clameur s'élève, va ricocher sur le tableau noir et rebondit sur le vieux parquet ciré :
DE L'ECOLE !! 
Moi, un peu contrite : Euh...non. 
Et là, à mon grand soulagement:
DE LA PISCINE ALORS ! 
La maîtresse : Oui, ici, vous savez, on préfère le ski à la natation... 

Bon, bon, bon.
De retour chez moi, j'appelle Csil et hop...la machine est en route!
Les petits personnages qui ne voulaient pas aller à la piscine, les voici aux prises avec l'angoisse de la rentrée. Il va sans dire que j'y ai mis beaucoup de moi-enfant et de moi-maîtresse. Et le talent de Csil a fait le reste !

Seulement quand on écrit un deuxième album (vous noterez que j'ai dit deuxième et pas second) avec les mêmes personnages qui font leur mauvaise tête, il faut trouver un titre qui soit disponible, qui fasse le lien avec le précédent et qui donne envie d'ouvrir le livre. 
C'est là qu'intervient un ami précieux : Rémi Courgeon. Un soir, après un tajine de poulet aux citrons confits, nous parlons de nos projets respectifs. Il nous raconte son merveilleux Passion et Patience (qui sort en octobre chez Milan)...





... et je lui parle de notre projet qui était déjà en très bonne voie. Et de ce brainstorming amical, culinaire et joyeux, jaillit l'idée: Il faut l'appeler : NON ! J'IRAI PAS !
Merci Rémi !

Et voilà !!

J'ai dédié ce livre à tous "les enfants qui m'ont un jour appelé Maîtresse"... et ils sont nombreux !!
Un grand merci aux éditions Frimousse qui nous ont accompagné en douceur et en gentillesse dans cette belle aventure !




Histoire de sentiments...

L’autre jour, mon amie Vaty qui fut mon ange gardien lors du salon de Mirande, dans le Gers, me posait cette question :
« J'aimerai savoir ce que tu éprouves quand tu découvres à sa sortie, un livre qui est ton "enfant" et que tu as longuement "couvé". »

En réalité, j’aimerais bien le savoir aussi, Vaty. Si je tente un inventaire des sentiments qui m’animent à ce moment-là, je suis à peu près certaine d’en oublier. Pour prendre une image gourmande, c’est un sacré mille-feuilles.
D’abord, bien sûr, il y a le plaisir. Mais un plaisir, au fond, que je connais depuis l’enfance. Celui, sensuel, de coller mon nez au creux de la reliure pour humer le papier neuf. Un plaisir de bonne élève qui aime la rentrée des classes parce que la grisaille des vacances pauvres va s’estomper enfin pour laisser place au bonheur de découvrir, d’apprendre.
Ensuite, vient, je crois, une grande satisfaction. We did it ! Nous y sommes arrivés. Mon texte a été retenu par un éditeur qui en reçoit des centaines chaque année. L’illustrateur ou l’illustratrice a accepté de créer des images qui vont dialoguer avec ce que j’ai écrit et elles sont magnifiques (j’ai toujours eu une chance folle de ce côté-là). Le travail d’édition s’est bien passé, le choix de la couverture, du format, du papier, de la maquette, bref, toute une série de professionnels de la profession se sont donné du mal pour que le livre existe. Et ça, c’est absolument épatant !
Quelque part ensuite, il y a aussi une grosse pincée d’incrédulité. Au fond, je n’en reviens toujours pas. C’est moi qui ai écrit ça ? Mais quand ? Comment ? Le problème avec l’écriture, en ce qui me concerne en tout cas, c’est qu’elle suspend le temps. Alors parfois, j’ai du mal à me souvenir de la période durant laquelle j’ai écrit un texte. Quelques difficultés particulièrement saillantes me restent en mémoire. Mais peu en réalité. C’est un labour. On ne se souvient pas de chaque motte de terre...
Et puis il y a ce méchant sentiment d’illégitimité. Qui suis-je pour oser prétendre écrire ? Mais pour qui je me prends, à la fin ? Ils vont s’en rendre compte. Un jour, un éditeur, un libraire ou un confrère écrivain va me taper sur l’épaule pour me dire : «  Stop ! Tu t’es bien amusée mais la récréation est terminée ! » C’est mon intense fragilité. Ce qui m’empêche de profiter complètement du moment où j’ouvre le carton, du moment où je vois mon livre sur un présentoir...
Vient ensuite le couple étrange «  espoir/inquiétude ». L’un ne va pas sans l’autre. L’espoir seul serait l’expression d’une naïveté déconcertante. Bien sûr, j’espère que ce livre sera aimé. D’un amour à plusieurs étages, façon fusée interplanétaire. Aimé par ceux que j’aime parce que j’adore lire de l’admiration dans leur regard. Cela me réconforte et me donne du courage. J’espère aussi qu’il sera apprécié par ceux qui connaissent bien la littérature de jeunesse. Les libraires, les confrères auteurs, certains blogueurs...et bien sûr, je voudrais que les enfants l’aiment. Je ne suis pas très fans des formules du type «  allumer des étoiles dans les yeux des enfants ». Le monde merveilleux de l’enfance a du plomb dans l’aile par les temps qui courent. Non, j’espère juste que les gamins vont accepter de faire un bout de chemin avec mes personnages. Qu’ils aient un peu peur, qu’ils soient contents pour eux et qu’ils restent dans leur tête quelque temps...
Quant à l’inquiétude, c’est le miroir trouble et déformant de tout ça. C’est tellement triste quand un livre ne se vend pas. Quand on refait du papier avec CE papier-là.
Tu vois, Vaty, c’est compliqué. Complexe plutôt. La métaphore de la grossesse et de la naissance vient souvent à l’esprit, c’est vrai. Mais je ne m’y retrouve pas vraiment. S’il m’arrive de parler de mon dernier album comme de mon dernier bébé, c’est par paresse ou fatigue. Je n’ai pas choisi la couleur des yeux de mes enfants, ni la forme de leurs lèvres. En revanche, chaque mot de mon texte publié a fait l’objet d’une négociation féroce avec moi-même ou parfois avec l’éditeur. Et même si l’inconscient frappe souvent à la porte, j’en ai voulu chaque virgule, chaque mot, chaque retour à la ligne.
Voilà Vaty, je te remercie pour ta question, comme on dit à la télé. Tu m’as obligée à clarifier certaines choses emmêlées et obscures.
Je t’embrasse




Avis !!

Voici quelques avis de lecture sur notre " J'veux pas y aller "... L'occasion aussi de découvrir de jolis blogs consacrés à la littérature de jeunesse :

ici  sur " Les enfants à la page"

ici, sur Vivre Livre"

ici, sur " Les mots de la fin "

ou là sur " L'heure de lire "

et encore là : sur Véggibulle


et même au Quebec ! chez Lili les merveilles !

Inutile de dire à quel point ça fait plaisir, bien sûr ! Merci à tous !!








Il est là !!

J'espère que jamais je ne me lasserai de ce moment incroyable où je tiens l'album pour la première fois... La libraire a eu la gentillesse de le trouver très drôle et ça m'a fait vraiment plaisir !



J'VEUX PAS Y ALLER!

L'été dernier, au détour du net, j'ai découvert les petits baigneurs très drôles d'une illustratrice pleine de talent : Csil. Nous avons passé des soirées à échanger des messages pour affiner notre projet et le voici enfin en librairie. Bien sûr, comme vous allez sans doute le lire ici ou là, c'est un livre qui parle de l'inquiétude, de la peur même. Mais il parle aussi de la mauvaise foi, des excuses que l'on se trouve pour ne pas faire ce que nous devrions faire, des histoires qu'on se raconte pour se convaincre que non, décidément, on n'ira pas... et on fait ça à tous les âges, pas vrai ? Il peut s'agir de piscine, d'une fête de famille, d'une soirée chez des amis, ou tout simplement, de notre travail. Evidemment tout finit bien, ce n'est pas spoiler l'affaire que de le dire. C'est ce qui se passe aussi, bien souvent, dans la vraie vie. Ce cours de danse où on n'avait pas envie d'aller, vous avez remarqué comme on se sent bien après? Fier de nos progrès, heureux d'avoir eu le courage... Voilà, c'est de cela qu'il est question. 
Au fils des pages, vous allez aussi découvrir toute une galerie de portraits, des bouts de choux très déterminés à n'en faire qu'à leur tête et ça, c'était très amusant à imaginer. Ils ont chacun leur personnalité: l'obsédée capillaire, ( pas question de se décoiffer) , le tendre ( qui a besoin d'amour), le coquet ( préoccupé par son apparence), le parano ( persuadé que ses parents veulent se débarrasser de lui) et bien d'autres encore. 
Je n'ai pas résisté à l'idée de mêler phrase rimée et langue orale, le tout sur des vers de sept syllabes, appelés heptasyllabes ( oui, hein, ça fait savant) comme dans " La cigale et la fourmi". J'aime bien ce rythme-là, pas pompeux comme un alexandrin, avec un léger déséquilibre qui traduit, en tout cas, je l'espère, un sentiment mitigé, comme quelqu'un qui n'oserait pas faire un pas et resterait le pied en l'air...
J'ai dédié cet album à mon amie Véronique, ma compagne de piscine, tous les dimanches matins...et j'ai pensé à ma maman, qui m'a accompagnée, pendant l'été 1965 à la piscine de la petite ville où j'ai grandi. Elle ne savait pas nager et ne voulait pas que je sois comme elle, effrayée par la moindre étendue d'eau. J'aimais tellement le maillot de bain envoyé par ma tante Françoise, que je l'avais gardé sous mon pyjama, en cachette, bien sûr. L'enfance toujours, dans mes textes... comme point de départ et point d'arrivée...
Finalement, ce n'est pas étonnant que les petits baigneurs de Csil m'aient fait de l'oeil ! 

 
( éditions Frimousse)

Je n'aime pas la fête des mères... voici pourquoi...

Jeanne

L’école était adossée à la rivière. C’était l’école du bas-quartier, celui des pauvres, celui que l’Orbe inondait chaque fois qu’elle sortait de son lit. Jeanne avait six ans quand elle y entra pour apprendre à lire. Elle eut du mal. La maîtresse était dure, habillée de noir, imposant  à tous le deuil mystérieux qui l’avait frappée. Jeanne ne l’aimait pas et elle n’aimait pas Jeanne. Les choses avaient été claires dès le début de l’année. La fillette ne levait plus la main, ce n’était pas la peine. Madame Subra ne lui donnait la parole que lorsqu’elle était sûre qu’elle ne connaissait pas la réponse. Jeanne prenait son mal en patience et attendait la récréation.
Sous le préau en angle s’entassaient les bûches de bois destinées aux poêles des différentes classes.  Les élèves en faisaient des forteresses, des châteaux, des villes. Toute une géographie se construisait au fil des feuilletons vus à la télévision. Le noir et blanc ouvrait le champ des rêves. Thierry la Fronde et le Duc de Nevers étaient les héros de tous, surtout, peut-être, de ceux qui ne les avaient jamais vus.
Jeanne organisait les jeux. Distribuait les rôles, attribuait à chacun les paroles à dire, donnait des indications. Il fallait que tout soit parfait. Que l’histoire se déroule comme elle l’avait imaginée. Parfois ses exigences la poussaient trop loin. Ses camarades se détournaient alors, préférant une quelconque partie de balle ou de colin Maillard. Jeanne boudait dans un coin, se sentant incomprise, déplacée, étrangère.  Elle les trouvait idiots, le leur disait. Cela n’arrangeait pas les choses. Au bout d’un moment, ils venaient la chercher, la tiraient par la manche, lui faisaient des grimaces, juste là, sous son nez. Elle finissait par se laisser convaincre. L’inaction lui pesait. Elle ne supportait pas de ne rien faire.
Jeanne habitait une rue droite et commerçante. Le matin, elle partait pour l’école avec dans sa poche une grosse clé attachée à un mouchoir. Elle passait devant la boulangerie d’où s’échappaient des parfums de vanilles. Chaque matin, chaque jour, Jeanne se demandait ce qu’elle faisait là. Elle ne comprenait rien de ce qui semblait intéresser les adultes, se bouchaient les oreilles quand ses parents se disputaient à propos de l’argent ou du travail. De l’argent, ils en avaient peu. C’était une donnée qu’elle avait intégrée depuis longtemps. Sa mère tricotait puis détricotaient ses pulls devenus trop petits. Jeanne aurait voulu ne pas grandir si vite. Cela donnait tant de travail à sa mère.
Dès le mois de mars, il fut clair que Jeanne ne saurait pas lire avant  la fin de l’année scolaire. A partir de ce moment-là, Madame Subra l’ignora totalement. Elle ne s’acharnait plus à écrire des remarques sur ses cahiers. Un simple « vu » barrait désormais les lignes d’écriture. C’est alors que Jeanne commença à comprendre comment cela fonctionnait, les mots, les lettres, les sons. Un jour, en cachette, elle parvient à écrire sur son ardoise le mot salade. Mais elle n’en dit rien à personne. Il en allait de sa tranquillité, elle le savait.
Au retour des vacances de Pâques, la maîtresse écrivit au tableau un petit mot pour les parents que les enfants  recopièrent dans leur cahier de brouillon. Chaque famille devait se procurer un morceau de vitre de  quinze centimètres sur vingt. Le droguiste de la place du centre était prévenu. Il ne fut plus question que de cela pendant les récréations. On allait peindre sur le verre puis fixer l’image sur un carton blanc. Chacun imaginait déjà le cadeau suspendu en bonne place sur un mur de sa salle à manger, les félicitations familiales, les embrassades.
Le lundi suivant, chaque élève arriva avec le précieux et fragile rectangle. Le droguiste avait pris la peine d’en émousser les bords pour que les enfants ne risquent pas de se blesser. Seule Jeanne arriva les mains vides. Madame Subra leva les yeux au ciel, la traita de mauvaise fille. Ne voulait-elle pas faire plaisir à sa mère ? Puis elle la renvoya à sa place. Jeanne n’avait pas le support mais elle savait ce qu’elle allait peindre. Elle s’entraîna sur une feuille de papier à dessin. Elle s’inspira d’une image  trouvée dans un vieux livre de lecture qu’on lui avait donné. On voyait un paysage de moulins, des massifs de tulipes et au premier plan, une petite Hollandaise en habit traditionnel qui poussait une brouette remplie de gros fromages rouges. Jeanne s’appliqua. L’habit de la fermière lui donna du mal. Il fallait rendre le mouvement des plis de la jupe. Il fallait qu’on sente le souffle du vent qui faisait tourner les ailes des moulins.
En réalité, Jeanne n’avait pas montré son cahier de brouillon à ses parents. Elle savait que la perspective d’une dépense allait provoquer des cris. Peut-être son père casserait-il une assiette ou deux en traitant la maîtresse de tous les noms.  Pendant plusieurs jours, elle chercha par quoi remplacer le fameux rectangle de verre. En fouillant dans ses rares jouets, elle retrouva une boîte de domino dont le couvercle en plastique transparent avait à peu près la bonne taille. Quand elle le montra à Madame Subra, celle-ci haussa les épaules et tourna les talons en marmonnant. Il ne restait que deux semaines avant le dimanche 26 mai, jour de la fête des mères. Cela voulait dire deux vendredis, soit deux séances de préparatifs. Dans la classe, l’excitation montait. Les carreaux presque terminés pour la plupart étaient exposés sur une grande table au fond de la salle. Une pile de cartons proprement massicotés attendait sur une étagère. Chantal, la meilleure amie de Jeanne avait fait des merveilles. Elle avait recopié des images de roses découpées dans un catalogue de vente par correspondance. C’était vraiment beau.
Jeanne réalisa donc sa peinture sur l’intérieur du couvercle en plastique. La coiffe de la petite hollandaise semblait voleter au vent et les tulipes, fines et colorées lui valurent les félicitations de Madame Subra. Jeanne en ressentit une joie profonde. Mais le lundi suivant, Jeanne constata avec inquiétude qu’une partie du toit du moulin s’était détaché du support. D’heure en heure, elle réalisa avec désespoir que la peinture s’écaillait. En séchant, la gouache se rétractait et lâchait  prise.  Dès qu’elle le pouvait, la fillette approchait du fond de la classe pour mesurer l’étendu des dégâts. Petit à petit elle vit son travail anéanti. Le visage de la fermière, les tulipes, la jupe avec ses plis, tout tomba en miette.
Le vendredi suivant, le plastique était totalement nu. Jeanne n’avait donc aucun cadeau à offrir à sa mère. Elle sanglota si fort que pour avoir la paix, Madame Subra lui tendit un morceau de bois aggloméré marron et une boîte contenant les tampons avec lesquels elle réalisait  les frises à colorier chaque soir, pour séparer les journées dans les cahiers. Il y avait des maisons, des fleurs, des arbres. Jeanne sécha ses larmes et tenta d’organiser un bouquet d’œillets. Elle traça les tiges à la main et dessina un ruban noué. Mais le bois était si sombre qu’on devinait à peine les fleurs. C’était raté, moche, décevant et Jeanne se remit à pleurer de plus belle. Au moment où les élèves glissaient leur cadeau dans une grande enveloppe, Jeanne se battait encore avec ses crayons de couleurs pour tenter de donner un peu de vie à son bouquet désormais tout barbouillé de larmes. Quand la cloche sonna, Jeanne refusa de sortir de la classe. Il lui fallait encore un peu de temps, le cadeau pour sa mère n’était pas terminé. Monsieur Rivière, le directeur de l’école vint essayer de la calmer. Il s’accroupit à côté d’elle et l’écouta raconter son histoire de vitre et de couvercle en plastique. C’était un homme bon. Sa grosse moustache et son accent rocailleux lui valait une réputation d’humanité qui faisait sa fierté. Le regard qu’il lança à Madame Subra en disait long. 
Monsieur Rivière l’aida à faire un joli paquet, alla chercher dans son bureau une bobine de bolduc doré qu’il noua lui-même autour de la plaque d’aggloméré. Madame Subra était écarlate, assise les bras croisés serrés sur sa poitrine. Jeanne reniflait, Monsieur Rivière lui tendit son mouchoir.
La pâtissière remarqua le désespoir de Jeanne. Elle la fit entrer, l’installa dans son arrière-boutique et pour la consoler, lui offrit un calisson. Loin de calmer la fillette, le goût de la pâte d’amande ne  fit que redoubler ses sanglots. Entre deux hoquets, elle annonça qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle. Elle avait trop honte disait-elle, son cadeau n’était pas joli.  On envoya le commis de la pâtisserie chercher la mère de Jeanne. Toutes les voisines étaient réunies autour de l’enfant et l’assuraient, chacune à sa façon, que le cadeau ferait de toute façon plaisir à sa maman. Quand sa mère arriva,  Jeanne enfouit son visage dans le tablier de la pâtissière. Elle entendit les femmes expliquer la situation. Elle redoutait que sa mère n’éclate de rire. Mais ce n’est pas ce qu’elle fit. Elle ouvrit le paquet délicatement, enroula le ruban autour de sa main puis fit un pas à l’extérieur du magasin pour voir le dessin sur la plaque de bois à la lumière du jour.

-Ce sont des œillets, n’est-ce pas, Jeanne, demanda-telle. 
Jeanne acquiesça d’un mouvement de tête. 
-Des œillets, c’est une très bonne idée, tu sais. Je ne t’ai jamais dit que ce sont  mes fleurs préférées ?  Puis elle salua les voisines, prit la main de sa fille et toutes deux se  dirigèrent vers l’épicerie voisine en marchant crânement au milieu de la rue.

Ghislaine Roman

Et... vous allez écrire la suite ?



Alors, moi, non, mais les élèves du CM1  de Philippe Cazaux, oui !!   

Vers de mirliton, fantaisie, rigolade, personnages délirants et allusions aux contes traditionnels, tout y est. Bravo les amis !! 

Après " Mystère au palais" , voici donc l'histoire imaginée par des élèves de Mirande que j'ai eu le plaisir de rencontrer ! Bonne lecture!

Le mystère de la potion perdue.


     Depuis le départ des jeunes mariés, Bertille et Timothée, en lune de miel vers Honolulu, au château, rien ne va plus.
Gréta, la sorcière, a perdu la potion magique  "J'M ", la potion qui rend les gens joyeux, radieux, heureux, amoureux... Et tous les habitants du pays du roi Gontran sont devenus bougons et méchants.
Alors, Gréta a l'ambition de partir à la recherche de la potion disparue.


     Dans le château hanté par la saleté, elle commença par aller voir le roi Gontran.
-Majesté, puis-je vous poser une question ?
Furieux, le roi répondit :
-Qu'est-ce qu'il se passe encore ? Vous avez perdu vos affaires ? C'est digne d'une sorcière !
-Sire, j'ai seulement égaré la potion "J'M ".
-Pourquoi  me demander ça à moi, vu que je suis le roi. Allez voir ailleurs, peut-être que ça sera meilleur !

         Quand la sorcière entra dans la chambre de la reine Aimée, tout était désordonné. La souveraine était méchante et en colère. Gréta lui demanda si elle avait vu la potion magique "J'M ". Comme réponse, la reine, furieuse, lui jeta son peigne couvert de teigne.
Alors, Gréta quitta la suite royale et hurla :
-Nom de nom ! Vais-je pouvoir trouver cette potion ?
    

     À l'étage du dessus, Gréta, désabusée, alla voir Jack le dragon, d'habitude très mignon. Elle n'eut pas le temps de dire quoique ce soit car il était trop en colère : de la fumée sortait de sa tanière et des étincelles de ses oreilles. Pas la peine de lui demander s'il avait mis la patte sur la potion, il était trop furibond.


     Un peu plus tard dans la journée, Gréta tomba sur René, le boulanger très âgé, qui faisait sa tournée, très énervé. Il se rendit compte que la sorcière était aussi fâchée car elle en avait assez de chercher cette potion tant désirée. L'artisan n'en savait pas plus sur la potion disparue.


     Elle quitta ensuite l'enceinte du château pour aller dans la forêt voisine. Elle y rencontra une petite fille toute vêtue de rouge.
-Qui es-tu petite ?
-Je suis le Petit Chaperon Rouge.
-Que fais-tu ?
-Je suis à la recherche du loup .... pour le manger.
-Pour le manger ?
-Oui. Je suis très en colère, et en plus, il a mangé ma grand-mère.
-Moi, je suis à la recherche de la potion "J'M " ; l'as-tu vue ?
-Non. Je te laisse car, avant qu'il ne soit trop tard et que tombe le brouillard, je dois retrouver le loup noir.

     Greta continua son chemin au coeur de la forêt. Dans une clairière, se trouvait une maison tout en bois ; c'était celle du bûcheron Benoît . Elle toqua. Aucune réponse. La sorcière regarda par la fenêtre et ne vit personne. Elle pénétra dans la maison et se reposa. Quelques minutes plus tard, le bûcheron rentra, la trouva et cria :
-Que faites-vous chez moi ?
La sorcière se réveilla et vit alors le bûcheron la menacer avec sa hache.

     Alors, la sorcière prit ses jambes à son cou. Le bûcheron la poursuivit jusqu'à une petite maison champignon. Elle frappa à la porte et vit une fée, installée sur le canapé.
-Comment t'appelles-tu ?
-Joséphine, la fée des signes.
-Est-ce-que tu as vu la potion "J'M " ?
-Non. Peut-être au château.
-Je ne crois pas, vu que j'y suis déjà allée.
-Allons-y quand même.

     Arrivées au château, elles virent tous les habitants hilares ; tout le monde était joyeux, radieux, heureux, amoureux... Mais que se passait-il en ces lieux ? Alors, Gréta pénétra dans la salle du trône et eut la surprise d'apercevoir, à côté du couple royal,Timothée et Bertille de retour de voyage de noces. En voyant accroché sur le balai des jeunes mariés, le flacon tant convoité. Gréta s'écria :
-La potion "J'M " !
 Le roi et la reine hébétés ne comprirent pas ce qu'il se passait. Gréta se précipita sur le flacon.
-Je suis déçue, il n'en reste presque plus ; sûrement qu'à l'arrivée, le balai a été balancé et la potion renversée.
    

     Pour célébrer le retour du couple princier et la réapparition de la potion, les habitants firent une grande fiesta avec un majestueux repas. Et tous les habitants du pays du roi Gontran étaient joyeux, radieux, heureux, amoureux...

FIN


Atelier... hop ! hop ! hop !

Je voudrais faire sentir aux enfants qu'un lien invisible relie mes lectures, mes souvenirs et mes textes. Pas facile... Souvent, un texte que je viens de terminer contient les germes d'un texte futur, que je vais parfois porter pendant des mois...

A l'école Michelet de Villemur sur Tarn, les élèves ont travaillé sur notre " Grand livre des peut-être, des si et des pourquoi". Ils ont écrit des phrases très drôles, très décalées, une vraie réussite. Alors , que pouvais-je leur apporter avec mes ateliers ? C'était pour moi l'occasion de leur faire vivre cette expérience étonnante. Allez, on y va !

J'ai d'abord préparé une boite à graines. Ah, mais attention, hein! Pas n'importe quelle graines... des graines à histoires... Ces graines, je les ai trouvées dans mon album. Ce sont des mots-clés que les enfants ont immédiatement reconnus : clown, chaussures, nuit, jour, miel, chocolat etc...

Proposition faite aux élèves : Vous allez  tirer au sort deux graines ( deux mots donc...) puis vous allez  écrire des débuts d'histoire. Pas plus de trois phrases. Et tous vos textes commenceront par la formule: " Ça pourrait être l'histoire de..." . De mon côté, je tire au sort deux mots aussi et je m'engage à écrire une histoire qui, elle, commencera par : " Mais en réalité, c'est l'histoire de.." .

Etape 1 : tirage au sort. Si le rapprochement des deux mots en question ne parle pas aux élèves, je leur propose assez rapidement d'en tirer d'autres. Inutile de perdre du temps et de s'agacer...


Etape 2 : les enfants sont deux par deux et écrivent ... Ils ont besoin de relances, bien sûr, de propositions, de suggestions...

Etape 3 : les textes sont lus à haute voix devant  la classe. Tous ensemble, on recherche comment les  améliorer, les rendre plus drôles...

Reste à saisir les textes, et, pour ce qui me concerne, à écrire l'histoire promise qui viendra clore notre livre.

Vous voulez savoir ce que ça a donné ? Voici quelques exemples :

Ça pourrait être l’histoire d’un martien qui marche dans la rue et qui croise une Dame Kangourou et en tombe amoureux.

Ça pourrait être l’histoire d’un aspirateur tellement puissant qu’il pourrait aspirer une vague grande comme un tsunami en une seconde.


Ça pourrait être l’histoire d’un coiffeur qui vient au zoo pour couper les cheveux de la girafe.


Ça pourrait être l’histoire d’un géant qui voulait allumer un feu mais qui n’avait pas d’allumettes.


Ça pourrait être l’histoire d’un jardinier qui tricote des pulls pour ses roses parce qu’elles ont froid en hiver.


Ça pourrait être l’histoire d'une pierre qui était plus légère que le coton.


Ça pourrait être l’histoire d'un rhinocéros qui avait mis des chaussures à talon pour aller danser au bal masqué.



Quant à moi, j'ai quelques semaines pour écrire une histoire avec les mots POCHE et VELO... Bon courage, Ghislaine !! Héhé !




De salon en salon...

Après la Seine-Maritime et l'Isère, c'est dans le Gers que j'irai tout bientôt à la rencontre de mes jeunes lecteurs. Je serai à Mirande dans quelques jours et je me réjouis d'y retrouver mon ami et complice Régis Lejonc. Vous ai-je dit que nous avons un nouveau projet sur le feu? Héhé...


Écrire avec "OUF!" ...

Je me demandais quelle allait être l'entrée choisie par les enseignants pour faire écrire leurs élèves à partir de notre album " ouf !".
Je ne suis pas déçue, je dois dire... À l'école maternelle de Eaunes, les enfants ont utilisé ce fameux OUF pour exprimer tout à la fois ce qui les inquiète et ce qui les rassure. Un combat de la nuit contre le jour, du manque contre le plaisir, des monstres contre la douceur. Leurs phrases, bien que calibrées par le schéma qui m'a servi de patron, ces phrases donc leur ont permis de SE dire d'une façon inattendue. Et quand je leur en fait compliment, un petit bonhomme à la mine grave derrière ses lunettes bleues me déclare tout de go : "  C'est bien ça. Et d'ailleurs, j'en ai parlé avec ma psy".
Echange de regards avec la maîtresse....

Quelques exemples :

J'ai peur des araignées, mais OUF! Elles ne vont pas me manger!
C'est Noël, les cadeaux ne sont pas sous le sapin, mais OUF! Ils sont devant la cheminée.
Je pleure, mais, OUF! J'ai mon doudou.
Il fait noir, mais OUF! Les dragons ne peuvent pas rentrer.



Peintures sur bois inspirées des illustrations de Tom Schamp...ici, l'été...

Histoire de gentillesse en trois actes :

Acte 1 : Un matin, je lis une interview de Patrick Pelloux, médecin urgentiste bien connu, militant et surtout, pour ce qui nous concerne ici, membre de l'équipe de Charlie Hebdo. " J'ai besoin de gentillesse", disait-il au journaliste qui demande de ses nouvelles.
Ce jour-là, je dois me rendre à une rencontre avec lui, justement, et Chloé Verlhac, la veuve courage du génial Tignous, à la librairie de la Renaissance, à Toulouse.
Les mots de cet homme me touchent. Je comprends ce qu'il veut dire. Il m'arrive aussi, de ressentir au plus profond de moi, ce besoin de gentillesse. Ces jours-là, un coup de klaxon un peu agressif est capable de me faire fondre en larme.
Me voilà donc en train d'arpenter mon salon, me demandant quel geste de gentillesse je pourrai faire à l'égard de cet homme. Je décide de lui offrir un de mes albums et je choisis " La poupée de Ting-Ting".

Acte 2 : Je me rends à la libraire de la Renaissance et, avant qu'il y ait trop de monde, je m'avance pour me faire dédicacer le livre que je viens d'acheter " Toujours là, toujours prêt", paru au cherche midi.... et je lui offre mon album. Je lui dis que c'est mon geste de gentillesse, comme un doudou, comme un câlin. Et j'ajoute qu'il y aura peut-être, dans son entourage, un enfant à qui il sera content de l'offrir. Il semble ému. Il me remercie. Rideau.

Acte 3: Près de deux mois plus tard, je me trouve au festival du livre de Saint-Orens. Un monsieur vient vers moi et me dit " Chez, nous, on adore votre album, là. " Il me montre Ting-Ting. Je le remercie. Ça fait toujours très plaisir des retours comme ça, bien sûr. Et le Monsieur continue: " C'est le parrain de ma fille qui le lui a offert la dernière fois qu'il est venu à la maison. Au fait, vous le connaissez peut-être, c'est Patrick Pelloux, l'urgentiste."

Voilà, j'ai embrassé ce Monsieur et bien sûr, je lui ai raconté l'histoire. une histoire de gentillesse en chaîne... comme on voudrait tant !

Sur la page de garde de son livre, Patrick a écrit pour moi :


Oui, on est tous des enfants...