Trop long !!

Ecrire, parfois, c’est faire son deuil… Abandonner des mots, laisser des images au bord du chemin. Ecrire parfois, c’est décider de se donner toutes les chances d’être lu. C’est se dire que non, décidément, ce texte-là, qu’on aime, à qui on a tant donné, non, ce texte ne restera pas dans la mémoire de son ordinateur. Alors on le reprend. On se le lit à voix haute comme si on se l’offrait à nouveau. On s’étonne soi-même parfois. On se dit « tiens, j’ai écrit ça ? J’aime bien ». Ou, le plus souvent « oh ! Comment ai-je pu ? C’est lourd et encombrant, bavard et inutile. » Alors on taille, on coupe, on se fait serpe pour ne garder que les branches prometteuses, balance pour ne garder que le léger, diapason, pour ne conserver que ce qui sonne juste et clair et souvent, métronome pour mesurer le rythme et le scander. Retravailler un texte pour le raccourcir, cela revêt aussi un aspect comptable. On se donne un objectif, une cible chiffrée : 15 000 signes ? 12000 ? 5000 ? C’est cela aussi un texte. Une longueur, un format… album ? conte ? roman ? On peut s’en offusquer. Comment, un écrivain peut-il ainsi se laisser contraindre ? Mais ce n’est pas ainsi que les choses se jouent car les textes sont souvent bien meilleurs après. La contrainte est souvent salutaire. Elle évite l’auto-satisfaction, la phrase biscornue et pesante, l’adverbe omniprésent et l’adjectif inutile. C’est faire sa place au lecteur, lui laisser des espaces pour que son imaginaire se déploie, pour faire de lui un co-auteur heureux. Mais parfois, aussi… c’est douloureux…

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